Joël GUERRIAU
L’Europe de Jean-Marie Cavada
Jean-Marie Cavada est venu faire un exposé sur l’Europe à l’invitation de Caf’idées. Devant plus de 110 personnes, il a donné sa vision de l’avenir de l’Union Européenne (UE) que lui inspire son expérience de député européen.
Il a d’abord rappelé que la construction européenne venait d’une idée centrale basée sur le contraste qui séparait la barbarie surgi dans la première moitié du XXe siècle et l’héritage des lumières qui avait amené le continent au sommet de son évolution de civilisation. Arts, technologies, sociétés, démocraties bien avancées.
Les différents traités n’ont été que péripéties pendant le demi-siècle écoulé et cependant les Européens en font l’objet de leur principale récrimination contre l’UE. Nous sacrifions le but, qui est de construire une Europe où nous aurons tous une place enviable, parce que nous n’apprécions pas les moyens d’y parvenir, autrement dit les traités.
Pendant que la paralysie nous gagne, les BRIC (Brésil – Russie – Inde – Chine) profitent de leur forte croissance pour se positionner en donneur d’ordres. S’ils n’en sont qu’à une économie de marché, le poids de leurs investissements est en train de leur donner la suprématie mondiale. Nous devons donc être unis, ici en Europe, pour former un interlocuteur sérieux et unique, c’est-à-dire parler d’une même voix.
Selon Jean-Marie Cavada, la solution européenne est dans la forme du fédéralisme. La monnaie unique doit être au service de l’économie qu’il faut fédéraliser. Nous avons beaucoup de retard dans l’industrie de la connaissance, les nanotechnologies, des industries cognitives. Se baser sur les services qui ont assuré une bonne reconversion à nos industries traditionnelles délocalisées n’est plus suffisant. Il faut développer la recherche et le développement.
Maîtriser notre immigration – car nous avons besoin d’une immigration – est un apport supplémentaire à nos compétences. Il faut pour cela déposséder les états de leur législation et la confier à l’UE. Chaque état formule, à l’instar de ce qui se fait au Canada, ses besoins. Le niveau supérieur, fédéral, budgétise et lance l’appel d’offre dans le monde. Les immigrés qui acceptent, s’engagent à respecter un plan d’intégration dépassionné.
Le rapprochement des fiscalités est une autre pierre à l’édifice fédéral que l’UE doit réaliser. Cette dernière doit aussi déterminer une politique économique et financière, assurer une protection à tous les états en termes de sécurité civile, de diplomatie et de défense, se doter de réserves énergétiques. En bref l’état fédéral fixe la politique, les états qui le composent la conduise, c’est le principe de subsidiarité établit par le traité de Maastricht. Le désamour des Européens vient du fait qu’ils constatent souvent l’inverse.
Nous ne devons pas oublier que la fin justifie les moyens et que l’Europe idéale que nous voulons atteindre mérite des efforts. La marche forcée de près de soixante ans ne sera un jour qu’une étape de l’Histoire de l’Europe. L’Europe est un continent qui doit resurgir après son déclin.
Prochain Caf’idées le 28 février 2011, à Marsac-sur-Don. Serge Poignant nous parlera du «Réchauffement climatique et énergies nouvelles».