Joël GUERRIAU
Joseph Vincent vient de nous quitter
Notre ami Joseph Vincent nous a quittés dans la nuit du 10 au 11 juin. Je lui ai rendu hommage lors de ses obsèques.
Né en 1919, Joseph Vincent vient de nous quitter.
Souvenons-nous ensemble, avec sa famille et ses proches, du parcours de cet homme remarquable et discret.
Joseph Vincent est devenu Sébastiennais dès son plus jeune âge. Son père était chef -cantonnier et sa mère resta au foyer pour mener à bien son éducation et celle de sa sœur de 4 ans sa benjamine. C’est rue du Largeau à Saint-Sébastien que la famille s’installera.
En 1931 Joseph obtient son Certificat d’Etude d’Apprenti à la fonderie Nantaise. Joseph est de cette génération qui n’eut jamais 20 ans. C’est à cet âge qu’il est mobilisé en 1939. Caporal Chef, il commande une section d’un régiment d’infanterie à Bordeaux, puis à Pau.
Démobilisé en 1942, il passe le concours de Gardien de la Paix et entre au commissariat central de Nantes. Cette activité facilitera ses déplacements pour mener des actions de résistance, poursuivant l’exemple tracé par Maurice Daniel, résistant sébastiennais fusillé en mai 1942.
Le 24 juillet 1943, il se marie avec Gabrielle, amie de sa sœur. Les jeunes époux participeront ensemble à des actions de résistance.
Début mars 1944, Joseph Vincent, qui a le grade de commandant dans les FFI, est chargé de contacter les résistants du Vignoble qu’il forme en plusieurs groupes.
En août 1944, lors de l’arrivée des Américains à Nantes, Joseph Vincent commande la 3ème compagnie du 4ème bataillon des FFI. Dans les deux semaines qui suivent le 12 août, il augmente ses effectifs et attaque les Allemands qui se dirigent pour partie en direction de Pornic ou de la Vendée.
Les FFI de la compagnie du Commandant Vincent libèrent Vertou, Saint-Sébastien, Pont-Rousseau et le quartier sud de Nantes. 42 soldats sont faits prisonniers entre le 27 et le 28 août 1944.
Le département fut définitivement libéré dans la nuit du 10 au 11 mai 1945 avec la chute de la poche de Saint-Nazaire. Le commandant Vincent fut démobilisé le 3 octobre 1945.
Il commence alors une carrière dans les Compagnies Républicaines de Sécurité successivement à Nantes et à Versailles. Il deviendra commandant de la CRS de Poitiers, puis du groupement de Rennes. Il prendra sa retraite en tant que commissaire principal le 13 janvier 1975.
Au-delà de cette carrière brillante, c’est avant tout de l’homme dont je souhaite parler. De cet ami que nous appelions tout simplement Jo.
Mari, père, grand-père et arrière grand-père très aimant, tu vivais avec bonheur, Jo, tout particulièrement ces moments simples de ta vie, entouré de toute ta famille. Viviane, ta fille unique, se souvient de vos parties de belottes avec ses grands – pères. De ta passion pour les mots croisés, et des grilles que tu créais toi-même. De l’amour que tu portais à tes petits enfants. Tes proches se souviennent des deux chiens que tu adorais, un bichon frisé et un cavalier King Charles.
Nommé Officier de la Légion d’Honneur en 2004, parmi tes nombreuses décorations tu affectionnais particulièrement ton titre d’Officier du « Nichan-Iftikar » qui t’a été décerné pour avoir fait évader des prisonniers tunisiens.
Toujours fidèle au devoir de mémoire, tu te tenais droit devant le monument au mort, écoutant avec dignité Sandrine, ta petite fille, chanter le chant des Partisans. Au Rendez-Vous des Aînés tu éprouvais la même fierté à l’écouter, elle qui maîtrise musique et chant avec talent.
Voilà vingt ans que je suis heureux de sentir ta présence à mes côtés. Je t’avoue, mon ami, que j’ai bien du mal à imaginer ton départ.
Tu craignais la mort, et finalement tu ne l’auras pas connue. En cette fin d’après-midi du mercredi 10 juin tu avais dit à Viviane que ta journée avait été agréable. C’est une nuit paisible qui s’offrait à toi. Une nuit où tes rêves croisèrent les visages familiers de ton passé. Il y avait à tes côtés Robert Berthelot, ton grand ami Président du Ralliement, à qui tu avais remis la Légion d’Honneur. A ton grand étonnement, au petit matin du jeudi 11 juin, quand tu t’es réveillé, Robert était bien à tes côtés, mais aussi Gaby, ton épouse, et tous ceux que tu aimais qui sont partis avant toi.
C’est ainsi que nous te voyons mon ami. Toujours serein, tu nous observes d’un regard attendri, tes yeux brillent d’affection pour Viviane, Sandrine, Sylvain, et tes deux arrières petits fils et tes deux arrières petites filles. Ton image reste intacte en nous, toi qui aura marqué l’histoire de notre commune.
Dimanche prochain, à l’hippodrome de Nantes, la première course portera ton nom pour marquer ta présence immuable parmi nous.